Fabriquer des batteries à partir d’un matériau qui ne coûte presque rien. C’est le défi visé par un consortium de recherche bordelais. Le 10 novembre 2023, il publiait un article dans la revue Langmuir décrivant leur système de valorisation de la liqueur noire. Derrière ce nom presque poétique se cache en fait le principal détritus de l’industrie papetière. Cette solution alcaline composée essentiellement de lignine et d’hémicellulose est ce qu’il reste après la fabrication du papier kraft. « Sa seule utilisation aujourd’hui est d’être brûlée pour que la vapeur d’eau qui s’échappe par combustion fasse tourner des turbines électriques, le tout sous un bilan énergétique mitigé et un bilan carbone inadapté aux enjeux environnementaux actuels », déplore Rénal Backov, Professeur de chimie Intégrative au Centre de recherche Paul Pascal (CRPP), cosignataire de l’article.
Plutôt que de l’utiliser ainsi, le principe du brevet déposé en amont de la publication est de transformer cette liqueur noire en une mousse de carbone. « Nous pouvons utiliser cette mousse développée par nos collègues pour le stockage de charge électrique, explique quant à lui Jacob Olchowka, chargé de recherche CNRS à l’Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux (ICMCB). Notre brevet porte notamment sur les supercondensateurs qui fournissent un shoot de puissance énergétique sur un temps très court. » Ils sont par exemple utilisés pour les systèmes « start & stop » de certains véhicules ou pour faire fonctionner les tramways. « L’avantage de cette technologie de supercondensateurs est qu’elle est capable de se recharger en quelques secondes et de supporter environ un million de cycles de charge », se réjouit-il. Des capacités bien au-delà de n’importe quel modèle traditionnel de batterie actuellement sur le marché.
Auteur : Jean-Sébastien Zanchi, extrait communiqué de presse CNRS Innovation